Une base antarctique confrontée à une interdiction d’alcool après des allégations d’agression sexuelle
À partir de dimanche, les travailleurs de la principale base américaine en Antarctique, McMurdo Station, n’auront plus la possibilité d’acheter des boissons alcoolisées dans ses bars, a indiqué la Presse associée (AP) a rapporté jeudi.
Cependant, les chercheurs et le personnel de soutien auront toujours la possibilité d’acheter une ration hebdomadaire d’alcool au magasin de la station, comme l’a précisé la National Science Foundation (NSF). Le nouveau système de rationnement permet aux employés d’acheter un maximum de 18 bières par semaine, trois bouteilles de vin ou une bouteille d’alcool de 25 onces.
Ces changements surviennent au milieu d’inquiétudes croissantes concernant l’inconduite sexuelle à McMurdo après qu’une enquête de l’AP a révélé une tendance selon laquelle les femmes ont signalé que leurs allégations de harcèlement ou d’agression avaient été minimisées par leurs employeurs, les exposant potentiellement, elles ou d’autres, à des risques supplémentaires.
Dans certains cas soulignés par l’AP, l’alcool a été signalé comme facteur. Cependant, la NSF a précisé que les nouveaux changements dans la politique en matière d’alcool étaient motivés par des considérations de moral et de bien-être au sein de la base et ne visaient pas spécifiquement à prévenir le harcèlement ou les agressions sexuelles.
En plus des changements de politique en matière d’alcool, la NSF met en œuvre de nouvelles mesures pour lutter contre le harcèlement et les agressions sexuelles dans la base, où, comme l’écrit l’AP, environ 70 % des travailleurs sont généralement des hommes. Ces mesures comprennent une formation renforcée, la collecte de données au moyen d’une nouvelle enquête et des visites d’experts.
Cependant, les personnes qui ont déclaré à l’AP qu’elles avaient été agressées sexuellement, comme Jennifer Sorensen et Britt Barquist, ont souligné que s’attaquer à lui seul au problème de l’alcool ne résoudrait pas le problème. Ils ont appelé à croire les survivants, à garantir l’absence de représailles et à proposer des solutions alternatives pour réduire la consommation d’alcool.
« Ils savent très bien que le rationnement ou le refus de la vente d’alcool qui nous est imposé ne va rien faire », a déclaré Sorensen, selon l’AP.
« L’alcool peut évidemment brouiller les lignes du consentement, il y a ce problème en jeu, mais dans la très grande majorité des cas, des agressions sexuelles ont eu lieu même si aucune des parties n’a consommé d’alcool, comme ce fut le cas pour moi. Cela ne va donc certainement pas éliminer le problème. »
Dans un rapport de 2022 publié par la NSF, il a été révélé que 59 % des femmes ont été victimes de harcèlement ou d’agression lorsqu’elles étaient en Antarctique, et 72 % considèrent ce comportement comme un problème sur le continent. La NSF a réagi en créant un bureau chargé de traiter les plaintes, en proposant un avocat confidentiel aux victimes et en mettant en place une ligne d’assistance téléphonique 24 heures sur 24, selon le rapport.
Dans le but de remonter le moral, la NSF a annoncé son intention d’améliorer l’accès à Internet via le réseau satellite Starlink, permettant ainsi aux travailleurs de rester plus en contact avec leurs amis et leur famille.
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